mercredi 20 mars 2013

L’HYPOKHÂGNE, UNE LEÇON DE VIE


L’hypokhâgne c’était aussi un moyen pour moi de me trouver, de savoir qui je suis réellement. Cela peut paraitre bizarre mais moi, je n’ai pas et je n’ai jamais eu de voie toute tracée par mes parents ou quiconque. Je suis perpétuellement à la recherche de qui je suis. Ce que je n’aime pas, je le sais sans difficultés mais ce que j’aime. C’est le néant… je n’en ai pas la moindre idée.

J’ai appris que peu importe si je n’aime pas la grande littérature : je n’ai jamais lu un Marcel Proust. Honte à moi me direz-vous peu m’importe, j’ai lu d’autres œuvres merveilleuses et un jour viendra où je lirai peut-être Du côté de chez Swan, A la recherche du temps perdu, Le temps retrouvé et j’en passe..  Je me demanderai « comment as-tu pu passer à côté de ça ?! J’adore lire c’est incontestable, je préfère même rester chez moi à lire un bon livre que de sortir avec mes amis, lorsque les gens de ma classe font des soirées (où bien évidemment l’alcool, la bière, toutes sortes de substances illicites coulent à flot) je préfère rester bien confortablement chez moi que me joindre à eux, simplement parce que je ne fume, ni ne bois. Je ne vois pas l’intérêt d’y participer et de les regarder stupidement. Réellement, la lecture est une passion pour moi.


J’ai une amie qui est en khâgne ou plutôt qui refait sa khâgne car elle veut cruellement le concours de l’ENS, elle ne vit et ne dors que pour ça. Parfois, j’ai peur pour elle mais elle est forte, elle s’en sortira. Je vous parle d’elle pour vous dire que, récemment j’ai jeté un œil très insistant sur ses cours, ses DST et là plus que jamais, je me dis que la khâgne ne me conviendrait pas : les sujets en lettres sont d’une affreuse difficulté pour moi. Pourtant, je me dis qu’avec une bonne méthode je pourrais moi aussi réussir à disserter dessus mais réflexion faite c’est tout à fait impossible en khâgne, de revoir des méthodes que je suis censée avoir acquises en hypo.  J’aime mieux m’épargner le bonnet d’âne.
Voilà maintenant 6 mois que je suis en prépa. J’estime que cette période est le minimum pour produire un jugement (plus ou moins) objectif et mon semi bilan est mixte. Négatif, car les objectifs que je m’étais fixée ne seront jamais atteint. La Khâgne n’est plus qu’un rêve hors de portée, je ne suis pas du genre défaitiste mais j’ai eu la preuve que quoi que je fasse, je ne passerai pas. Lors de ma deuxième khôlle de lettres, la prof comme à son habitude ne m’a pas mis la moyenne pourtant, elle me dit avec un sourire - je comprends maintenant qu’il n’était que sarcasme – qu’il y a du travail comparé à la première khôlle et que cela se sent ! Pourquoi ne pas me mettre la moyenne dans ce cas ? Elle détient cette réponse. La preuve n’est pas celle-là. Elle me questionne ensuite sur mes projets de l’an prochain, je lui réponds que j’ai l’ambition de faire une khâgne d’anglais d’où mon choix d’hypokhâgne. Et là, c’est le désenchantement, elle me dit avec un rire qu’elle tente en vain d’étouffer que bien que j’ai des notes à la hauteur d’une khâgne anglais, je ne passerai pas ou du moins, je ne resterai pas dans le lycée dans lequel je suis actuellement car certes j’ai des bonnes notes mais en comparaison à d’autres élèves bilingues par exemple, je ne fais pas le poids sans parler du fait qu’il y a beaucoup trop d’élèves et que le conseil de classe ne regarde pas seulement les notes de la matière choisie mais toutes les matières ce qui me mets dans de beaux draps ; je suis une calamité en latin, l’espagnol je n’ai plus le niveau par manque de pratique et surement de volonté à travailler, la géographie je révise en fonction de mon humeur, la philo je m’accroche et j’aime de plus en plus cette matière, l’histoire : la discipline qui me sauve.  Voilà la nouvelle qui m’est tombée dessus à la veille des vacances. Abattue ? non je ne l’étais pas puisque je sais depuis le début de l’année que les profs de cette prépa ont une idée précise sur les élèves qu’ils garderont et puis le reste au moins ils auront eu l’expérience de la prépa ou plutôt devrais-je dire l'incroyable privilège d'avoir été pris lors des sessions APB.. Oui mais laissez-moi vous dire que des gens qui ont fait une hypokhâgne il y en a des tonnes et moi, ce n'est certainement pas pour une seule année que je m'étais engagée.

A la quête de ce moi insaisissable et difficilement définissable j’ai été, je suis, je serai…

L’hypokhâgne ? Grosse claque voilà comment je pourrais aussi la qualifier cette année... mais elle est positive puisqu’elle m’a fait réaliser à quel point je m’illusionnais sur moi-même. J’ai voulu aller à paris pour étudier dans le but de me rendre plus sociable : à mon grand désespoir c’est un échec. Maintes fois j’ai cru que quelque chose n’allait pas avec moi, que j’avais de sérieux problèmes de communication, d’intégration. Je m’en suis voulu, j’ai pleuré, j’ai voulu tout abandonné. Dieu merci cela n’est pas arrivé.


J’ai voulu étudier à Paris pour avoir de nouveaux amis : des amis qui ne seraient pas du même milieu que moi, ce qui serait intéressant et passionnant du point de vue de nos différents vécus, souvenirs… Encore une fois : échec : les Parisiens sont ethnocentrés. Ne les intéressent uniquement ce qui se rapproche le plus d’eux-mêmes. Tu es différent ? On ne s’intéresse pas à toi. Fais ta vie et puis ne m'emmerde pas avec tes états d'âmes. Comme qui disait "chacun sa route, chacun son chemin, chacun son rêve, chacun son destin..." Trêve de plaisanterie. 


J’ai voulu étudier à Paris pour échapper à mon milieu : il m’a rattrapé et j’en suis plutôt contente puisque aujourd’hui je l’accepte avec fierté et plus que jamais je l’aime. Nous avons énormément de qualités que les parisiens n’ont pas comme la solidarité. Cela fait cliché, mais celui-ci est véridique. Il n’y a qu’à poser la question à un banlieusard, il vous le confirmera. En banlieue, on a de l’ambiance, je ne parle pas d’une ambiance dangereuse celle que les dits reportages de société nous passent à la télé. Non, l’ambiance dans laquelle n’importe qui pourrait s’intégrer et se sentir à l’aise.
J’ai voulu ci, j’ai voulu ça… La liste est interminable mais le plus important, c’est que je me suis enfin trouvée. J’ai compris que le problème ne venait pas de moi, je n’ai rien à me reprocher, absolument rien. Après tout des individus qui passent dans votre vie en coup de vent, qui vous marquent, qui vous blessent… il y en a tant et au fond, c’est peut être un mal pour un bien. Inutile de me tracasser avec eux ils ne valent rien. Je finirai simplement sur le fait que La banlieue c’est beau, c’est grand, la solidarité y est à chaque instant. Les banlieusards, même s’ils ont des à priori sur toi viennent te parler dans le but de les démentir ou de les confirmer et c’est essentiellement ce qui me plait, en comparaison à Paris où chacun fait son bonhomme de chemin et puis tant pis pour toi, si tu tombes, chacun ses problèmes. Après des vacances, le retour en cours qui plus est dans une classe morne, où les gens se foutent royalement de toi a été un coup de massue, aujourd’hui encore ça me fait mal, mais il faut s’y faire. Je tente du mieux que je peux pour me rassurer en me disant que dans 3 mois tout sera fini.

Depuis le début de l’année, je trouve ma classe bien plus que nulle, et pour une fois, mon premier jugement est juste. J’ai tellement hâte que tout se finisse, j’étouffe où je suis, je ne me sens pas à ma place. J’ai voulu fuir, je me suis retrouvée.


J’avais un rêve, sur la longue et tumultueuse route de celui-ci je me suis perdue. Perdue pour en trouver un qui vaut plus.